L’ami Bowie avait le son et la vision. La prescience ultime. Flatline Skyline, pour leur deuxième effort n’ont que le son, entièrement le son. Et ils construisent leur édifice entamé avec Horizon Grid dans une synthèse d’influence synthpop, industrielles, ambiant mais aussi et surtout pop. Un peu à l’image d’une Nine Inch Nails débridé, dans ses moments les plus pops, mais sans jamais sombrer dans l’insipide ou le très gai. Flatline Skyline c’est un peu Radiohead qui aurait enlevé tous ses artifices rock et pop, Radiohead qui n’aurait jamais ecouté REM, Radiohead qui aurait commencé sa carrière avec Amnesiac et qui aurait durci le propos dans une voie plus industrielle. Alors forcément, Flatline Skyline livre un propos à base de chansons, dans leurs artifices le plus direct, en conservant une durée qui sied le mieux à ce format, en déglutissant des mélodies, mais sans jamais oublier de rechercher leur beauté dans les tréfonds de nappes industrielles, salissant le propos dansant jusqu’à créer une alchimie entre chansons et morceaux épars. Comme si Autechre avait habillé quaristice de chants cassants et fragiles, et avait réduit toutes ces idées pour en faire de réel canons pop.
Alors forcément, All Sound/No Vision devient incontournable, rappelant même certaines ambiances de Coil dans ses derniers instants, toujours plus mélodiques et acérés dans sa manière de créer du beau avec du laid. On pense notamment au tube potentiel Fox fight, o combien mélodique et dansant mais déglingué de part et d’autres par des bruits stridents typés Neubauten dans la période Kollapse, salissant les synthés pour les rapprocher parfois d’ambiances plus glauques, parfois funèbres. Mais la mélodie est toujours là, belle proche d’une sensibilité féminine (Other dreams et sa basse lancinante), contemplant l’ampleur du dégât. L’ambiance de ce petit second se veut plus colorée, plus bardée d’artifices, plus dansante, plus destructrice, moins contemplative.
Flatline Skyline se veut une porte d’entrée plus que recommandée pour explorer les contrées plus brutes et plus aventureuses dans le format, mais se veut aussi une entité fascinante aux influences non consensuelles pour livrer son format pop. Ce All Sound/No Vision laisse de coté la contemplation pour jouer sur la cassure, sur l’écroulement de l’architecture sonore, sur la destruction des acquis du duo, pour mieux profiter de ces quelques coupures bien mieux mises en valeur.