'Horizon Grid' était comme une nuit sous cellophane dans une ruine urbaine ; 'All sound / No Vision' est la journée sans soleil, la lumière grise d'un automne pollué sur des blocs suburbains ; pas de vision nous dit-on ? Qu'à cela ne tienne, le son sera matière et son nom sera béton. Le béton attaqué, malmené ; la matière sonore rèche, brute, lourde faisant ploir les structures métalliques apparentes et incapables de soutenir le poids des mots et de la saturation. Ce nouvel album sonne comme le négatif du précédent, explicite, exogène, toutes griffes dehors sans renier le moindre du monde sa nature noire, pesante et fantômatique. Cela peut faire beaucoup pour un seul album mais ca n'est pas de trop pour Flatline Skyline qui entre sans aucune honte dans la cour des grands ; qu'il s'agisse de manger dans les râteliers de Picore, Hint ou autres noiseux made in France en les remuant avec des sonorités made in US (H.P.P., SavaK, ZymOsiZ) dans une grande bétonnière //préparation : compresser la pâte jusqu'à atteindre la densité d'une sculpture de César et l'apposer sur des mailles pop// mais oui, la basse de 'Other Dream' est terrible, 'Fox Fight' est mélodique et dansable, le doublé 'Death by eyes/...And the Moon swam back' est d'une douceur presque funèbre ; il y a une émotion immense et manifeste sous ces couches de déraillements, de dissonances, de rythmiques électroniques distordues ; sous couvert d'ambient expérimental, d'improvisations bruitistes ou d'explosion de bruit blanc, Flatline Skyline n'écrit rien d'autre que des chansons autour d'une poétique lunaire et lunatique, de voix erratiques et de cris du coeur. Nul doute que la materia prima est originale ; le fond lui est totalement, terriblement, inexorablement humain. “Un cerveau dans un corps cybernétique... Une puce dans un corps organique... Au fond, quelle différence ?”