Flatline Skyline est un duo américain composé de Robert Andrew Scott et Jacen Kemp, dont le label Mechanoise Labs sort ici le deuxième album. C’est déjà le label français qui avait produit le premier CD, Horizon Grid en 2005, après les avoir découvert via un titre sur une compilation du label Zaftig. On n’avait pas écouté le premier album, apparemment plus apaisé, c’est donc avec ce deuxième album que l’on découvre le duo.
A l’écoute du premier titre, on se demande si notre platine CD n’a pas un problème, si le CD n’est pas endommagé. Le duo possède un son bien particulier, disons très inhabituel des productions electro-indus qui nous a été donné d’écouter depuis quelques années. Une production moderne, mais orienté vers une lo-fi forcée, a grand renfort de souffles, grésillements et grincements, très certainement la marque d’un passé orienté vers la noise, et qui donne l’impression d’être ici le fruit d’un défaut de production. C’est en avançant dans l’album que tout devient clair et force le respect pour ce duo sans concession et qui apporte un nouveau souffle à un genre (l’electro-indus) devenu particulièrement formaté.
Flatline Skyline se démarque d’une part par ce son, crade, grésillant, allant même parfois jusqu’à donner l’impression de "perdre le signal" lorsque le chant devient haché sur No Dial Tone. Ah oui, l’autre grosse surprise, c’est le chant. Si celui-ci n’est pas vraiment nouveau au sein des productions industrielles, il semblait devenu absent des productions récentes très tournées vers l’electronica. Le chant est ici presque un passage obligé, dans un style très particulier qui a l’avantage de parfaitement se marier avec la musique. Le son est dur, le métal y est particulièrement représenté, notamment au niveau des percussions, et les textes sont presque criés plus que chantés. Une voix qui semble sortir tout droit des entrailles de Jacen Kemp, éraillée, dérangée, plaintive, troublante, on a même envie de dire braillée parfois (Be Good To Them Always), sans la connotation péjorative que ce terme peut suggérer.
On l’a vu, le son de Flatline Skyline est dur et vraiment marqué indus. Rythmiques sèches aux tempos soutenus, basses synthétiques, un chant empreint, mais le duo n’oublie pas d’insérer des mélodies qui donnent corps à l’ensemble, à base de sonorités travaillées, conférant à l’album une véritable couleur pop. Certes, on est plus proche d’une électro-pop sombre, mais avec de véritables élans qui font par exemple de Fox Fight un véritable tube tout droit hérité d’une scène cold wave. D’ailleurs ces voix véritablement chantées plutôt que des samples vocaux, nous évoque assez souvent Gary Numan ou Skinny Puppy. On pourra être surpris par les trois derniers titres, beaucoup plus apaisés, avec en particulier un quasi féerique ...And the Moon Swam Back, ses petits tintements étoilés et un son éclairci.
Une excellente découverte, véritable surprise et plaisir de découvrir ce genre de production, nous donnant même envie de rechercher le premier album du groupe.