Il est de ces musiques qui mettent la nuit là où il fait jour, et qui imposent le silence là où il fait nuit. Le genre de musique qui nous rappelle la chaleur qu'offre la vue de ces mannequins amputés en plastique qui ornent les vitrines de Whitechapel, entre un hôpital en friche et un chantier qui n'en finit plus. Le genre de musique évanescente comme seuls les anglais savent en faire. Contre toute attente, les deux membres de Flatline Skyline sont américains, mais ils n'en donnent pas moins la nausée. Minimale, dépouillée, acide et aride, leur cold-wave teinté d'electronica ne va pas sans rappeler deux parents proches : Radiohead et November Növelet... moins pop que le premier, moins effrayant que le second, Flatline Skyline en propose une version urbaine, désenchantée, où la voix n'a que faire de se poser, préférant une forme vaporeuse, plus efficace pour disparaître dans la mesure où les textes ne sont que des nuages supplémentaires dans ce décor blafard. 'Horizon Grid' est un quartier entier que l'on parcourt, une ballade nocturne dans une ville en toc qui se déforme sous l'influence des substances ingérées quelques temps auparavant. Point questions de mauvaises rencontres, on est bien assez servi par nos propres hallucinations. Si 'Magic' de November Növelet est en noir et blanc crémeux avec une teinte de bleu marine ; 'Horizon Grid' ajoute pour sa part une pointe vermillon. Son penchant... palpable, dirons-nous.